L'INVISIBLE
Le langage cinématographique de Bokanowski est profondément exotique. Il supprime le son in et n’a recours à aucun mouvement de caméra ni à aucun changement d’axe (hormis un plan de 3/4 lorsque la ménagère met le canard dans le four). Le film est accompagné par une musique type bal musette et castagnettes, composée par Michèle Bokanowski, l’épouse du cinéaste. La couleur orange prédomine. Les plans moyens sont les plus nombreux et dévoilent une cuisine au décor improbable, tandis que quelques gros plans montrent la préparation de la recette.
Cinéaste et plasticien français, né en 1943, Bokanowski développe un travail entre les genres cinématographiques traditionnels : court-métrage, cinéma expérimental, animation.
Sa manière de traiter le matériau filmique situe sa recherche à la frontière des arts optiques et plastiques, dans un « entre-deux » toujours à créer. Patrick Bokanowski s'oppose à l’idée que le cinéma doive — ce serait là son essence — reproduire la réalité : à savoir nos habitudes de penser et de sentir. Ses films contredisent l’ « objectivité » photographique à quoi est solidement arrimé l’essentiel de la production cinématographique mondiale. Les expérimentations de Bokanowski, en vue d’ouvrir le cinéma à d’autres possibilités expressives — par exemple le « gauchissement » des lentilles des objectifs (il préfère le terme de « subjectifs ») —, témoignent de visions purement mentales qui ignorent les représentations conventionnelles, affectent la réalité, la métamorphosent, offrant ainsi au spectateur de ses films de nouvelles aventures perceptives.
Le long métrage L'Ange (1982) est son œuvre la plus marquante, fascinante et obsessionnelle, elle est accompagnée d'une bande-son réalisée par son épouse, Michèle Bokanowski.