L'USAGE DU SONORE
Un parc, une friche, le bord d’une rivière, un paysage peuvent être le théâtre de ces traversées poétiques qui s’appuient sur les réalités acoustiques et topologiques d’un lieu. Tout le jeu étant de s’en détacher par des subterfuges de circulations sonores inouïes et improbables qui feront apparaître ce qui est à un moment T et qui l’instant d’après ne sera plus. Elles composent à partir du réel, une symphonie d’insectes, des vrombissements d’eau, des crescendos de vent et des craquements de branches pianissimo. Mais elles vont bien au-delà et nous font percevoir ce que l’on ne pourrait pas entendre avec nos seules oreilles. C’est une plongée microscopique dans les éléments et dans les ondes radios environnantes.
Le dispositif
Le dispositif est le suivant : un acousmonium de 14 haut-parleurs dont une dizaine de taille
réduite incorporés dans une résine prenant l’apparence de rochers et venant apporter des points d’écoute de proximité. Plusieurs micros sont répartis dans l’espace « à entendre » près de sources sonores environnantes (ruisseau, fontaine, vent et oiseaux dans les arbres, routes, enfants jouant dans les alentours…). Ces sources sont captées, amplifiées, re-spatialisées, elles peuvent aussi être « déformées » à l’aide d’un traitement numérique ou analogique du son et re-diffusées dans l‘espace même d’où elles proviennent.
La perception
En résulte une confusion des perceptions, de notre façon d’écouter. Déformer le réel pour le laisser ré-apparaître dans sa poétique la plus dénudée
d’artifices. Des musiciens sont aussi présents, jouent avec ces matières, les imitent, les déplacent. Une comédienne cite Gaston Bachelard, célèbre
philosophe et épistémologue et nous dit ce que nous percevons déjà
“L’imagination trouve plus de réalité à ce qui se cache qu'à ce qui se montre“ car “La valeur d'une image (fût-elle sonore) se mesure à l'étendue de son auréole imaginaire“.
Les extensions
A ce dispositif, peuvent s’associer des artistes chorégraphiques qui arpentent le terrain et construisent des situations cocasses et incongrues. Une version de nuit a également été imaginée avec deux plasticiens lumières qui activent, révèlent le lieu avec ce qui est et aussi ce qui n’est pas. Des milliers de lucioles rouges apparaissent alors et courent sur le sol, un étrange poisson lumière éclaire le fond d’une retenue d’eau… Et encore “Imaginer, c’est hausser le réel d’un ton“. Une interaction avec le public
Le spectateur quant à lui, compose son propre spectacle en déambulant dans cet environnement, changeant ses points de vue, d’écoutes. Il est aussi le propre acteur de cette proposition par le fait même de la traverser, produisant du son, modifiant l’espace.
Un dispositif à géométrie variable
Le dispositif est à géométrie variable en fonction des lieux, des envies de chacun, s’il est diurne, nocturne… On peut ainsi envisager la présence de 4 à 25 artistes musicien-nes, danseur-ses, comédien-ne créateurrices lumières, selon les contextes.
Personnels :
Benjamin Bondonneau : clarinette / David Chiesa : contrebasse / Flore Audebeau : textes / Loic Lachaize : dispositif son / Claude Saubole : guitare
Version étendue avec Laure Terrier et Lætitia Andrieux : danse / Sébastien Perroud et Julien Lobbedez : lumières