LES PREMIERS MOTS
Les " premiers mots " de Bernard Noël sont aussi les derniers. Ils sont donc pris dans un mouvement où s'entrelacent la fin et le commencement. Un homme et une femme parlent ils se connaissent à travers leurs mots et ils partagent la mort d'un Autre, un ami. Cet échange, toujours plus excessif, s'empare des gestes, de la peau, des perceptions, envahit tout l'espace de la rencontre. La pièce est écrite sous forme d'un dialogue composé d'un seul bloc, ne comportant ni paragraphe ni chapitre, si bien que les deux protagonistes finissent par se confondre de façon métaphorique dans l’usage de la première personne du pluriel, formant un chœur : « nous, les vivants, nous pouvons confronter sans cesse à l’original l’image que nous nous faisons les uns des autres».
BERNARD NOËL
Son premier livre de poésie, Extraits du corps, paraît en 1958. Bernard Noël attend neuf années avant de publier son deuxième ouvrage La Face de silence (1967). Initialement publié sous pseudonyme (Urbain d'Orlhac) par Jérôme Martineau en 1969, puis en 1971 (cette fois sous son vrai nom) par Jean-Jacques Pauvert, Le Château de Cène lui vaut, en 1973, un procès pour outrage aux bonnes mœurs. À la suite de ce procès, Noël écrit en 1975 un texte intitulé L'Outrage aux mots. Poète, écrivain, essayiste, critique d’art, son amitié pour les peintres et son goût pour la peinture le conduisent à collaborer à la réalisation de très nombreux livres d'artistes et, plus récemment, à en illustrer lui-même certains.
NOTE D'INTENTION
"Il "et "Elle" parle de la mort de "l'Autre". Ce sont leurs premiers mots ensemble, ceux qui surgissent juste après la mort d'un être aimé. Nous apprenons de ces mots. Nous saisissons à travers des fulgurances, l’ineffable. Empreint d’une flagrante corporalité, ce texte nous fait cheminer à travers différents états, allant d’une vitesse essoufflante à un sentiment d’épuisement, de relâchement…
Dans un mouvement infini entre le début et une fin, le langage et les gestes racontent la poésie d’une vie.
Deux comédiens, un musicien et un plasticien s'emparent de ce texte pour une respiration commune. Il y a 4 voix qui parlent en simultané, le Il, le Elle, l’Autre et l’Ineffable. La scénographie est minimale, joue sur des sensations physiques fortes (froid soudain, lumière vive ou fantomatique, fonte d’un bloc de glace…). La contrebasse est le contrepoint sonore du verbe, elle lui donne la chair, tour à tour vivante ou putride. La lumière est poussière, elle glisse sur nos corps et réactive le big bang originel ou nous absorbe dans son vortex cosmique.
Quelle est la teneur de ces mots, si ce n'est celle que nos corps balayés par le temps, exprime? A travers le texte et les images produites, se crée un composé hybride où se confondent la vie, la mort et le désir.
DISTRIBUTION
Flore Audebeau : comédienne
Félicie Bazelaire : contrebasse
David Chiesa : contrebasse
Daniel Strugeon : comédien
Jean-Luc Terrade : mise en scène
CO-PRODUCTION et CO-RÉALISATION
Les Marches de l'Été
© photo : Pierre Planchenault