THE COAST OPPOSITE 

 
 

Composition électronique 

à considérer également comme une partition concrète 

Composée, en studio, pour Le UN ensemble - 2015 

Durée : 24'14'' 

& 

The coast... 

Composition instrumentale, pour Le UN ENSEMBLE, établie à partir de The coast opposite... Après une semaine de travail avec Le UN ENSEMBLE et le compositeur, réalisation, également d'une partition dessinée, afin de guider la version instrumentale en concert... 

Durée : environ 25' 

- 

Partition concrète 

Une partition concrète est une composition écrite avec 

les sons eux-mêmes - à la manière d'une composition de 

musique concrète - mais ici (et contrairement à une 

musique concrète où tout sera définitivement fixé par le 

compositeur puis spatialisé, en concert, sur acousmonium 

dans une esthétique que l'on pourrait qualifier de cinéma 

pour l'oreille) la partition concrète est à considérer 

comme un modèle à imiter - un guide - en entier ou en ses 

parties, par un ou plusieurs instrumentistes, et ce, avec 

un instrumentarium parfois décidé par le compositeur, 

parfois par les instrumentistes eux-mêmes puisque souvent 

le choix leur sera laissé libre... 

Une partition concrète est ainsi travaillée sans l'aide, 

tout d'abord, pour les interprètes, d'aucune notation 

autre que les sons enregistrés eux-mêmes : une partition 

auditive ; cependant, un échange avec le compositeur 

autour de la poétique envisagée est bien sûr nécessaire 

et il est possible d'élaborer, au cours du travail, une 

notation propre à chacun. 

Les partitions concrètes sont en version monophonique, 

stéréophonique ou multi-pistes selon l'exigence des 

compositions. 

Les partitions concrètes sont spatialisées en même temps 

que les parties instrumentales, sur un système hautparlant 

qui est précisé dans son implantation et sa 

facture (en général des amplificateurs pour guitare 

basse, de préférence à lampe, disposés dans l'espace du 

concert, au plus proche des instrumentistes) et qui sont 

étalonnés, pour leurs volumes sonores, de manière à créer 

une illusion acoustique telle, pour le public, que l'on 

ne saura pas distinguer si le son est d'origine 

instrumentale ou haut-parlante. 

Une partition concrète est également à considérer, pour 

l'interprète, au-delà d'un unique modèle à imiter, comme 

un alter ego avec lequel intimement dialoguer - un 

substrat, un appui, parfois même comme un environnement 

ou encore un accompagnement sur lequel il sera possible 

de s'insérer en s'accordant à la poétique envisagée, 

quitte dans certains cas, à jouer plus librement... 

- 

Aux interprètes - à l'écoute de la partition concrète The 

coast... 

...en interprétant The coast opposite... 

Poétique, posture & nuage d'idées 

1. 

Écarts. 

Milliers de minuscules écarts. 

Fragments. 

Éclats. 

Brisures. 

The coast... 

Lorsque la marée se retire : ce qu'il reste sur la plage, 

sur la grève - la laisse de haute mer. 

Quelque chose venu depuis le noir des profondeurs. 

Entrelacs de signes, emmêlements, imbrications... 

...enchevêtrements. 

Voici notre territoire ; voici l'espace. 

Un appel. 

(.../...) 

Notre posture, en regard : à la façon de ces bois d'eau 

sur la grève. 

Une organisation naturelle. 

S'agit-il d'observer, d'écouter, éventuellement de 

répondre - tout comme de se faire ombre ? Voire de 

participer à ce que l'on pourrait nommer une gigantesque 

zone d'ombre (une lumière auditive inverse) et finalement 

de se situer au-delà du simple reflet ? 

Une ombre prise ne cherche pas, c'est un fait, à se 

débattre ; une ombre reste toujours liée à la matière 

opaque qui l'aura permis d'exister - en creux de la 

lumière : son origine. 

L'ombre est un trou dans le corps de la lumière. 

Profiter de cette substance. 

Un véhicule. 

(.../...) 

L'ombre du son. 

Un son venu du noir - authentique phénomène. 

Le passage d'un phénomène. 

Un précipité, une chimie, avec juste ce qu'il faut de 

substance. 

Voilà qui est suffisant pour jouer. 

(.../...) 

Inspirer et respirer. 

Notre posture. 

Ce reflet qui désormais - et malgré tout - nous 

accompagne (à moins que ce ne soit nous qui 

l'accompagnions) semble être bien plus qu'un simple 

fragment de matière sombre. 

Une possible zone d'émergence. 

Espace sans loi apparente - espace fertile, tout autant. 

Espace des variations. 

Espace de tous les changements. 

Ressort. 

(.../...) 

Observation, désormais, d'un phénomène sans corps qui ne 

nous quitte pas. 

Observation à distance. 

S'éloigner. 

L'horizon - la ligne d'horizon - lentement se déplace. 

Évidence d'une allure. 

Apparition, évolution, circonvolutions (observation de 

ces mouvements sans cesse changeants.) 

Écouter, regarder - sans écouter, sans regarder. 

Vue d'aigle. 

À distance. 

.../... 

À l'inverse, s'approcher. 

Écouter, regarder - sans écouter, sans regarder : depuis 

le coeur des choses. 

Depuis le silence qui respire au coeur des choses. 

Ici, quelque chose se manifeste. 

Le flux. 

L'origine d'un flux. 

Notre respiration et le flux. 

Nos mains, notre corps, notre présence sont là pour ça - 

depuis ce qu'ils sécrètent - présence à ce qui est là. 

(.../...) 

L'étrangeté naît d'elle-même, à partir d'elle-même, de sa 

propre constitution. 

Poétique. 

Grand rapport. 

L'étrangeté vient aussi de ce que certains regards, 

extérieurs, considèrent comme vrai ce qui n'est qu'un 

reflet. 

Et il en font une assise. 

Ici : danger. 

Espèce d'abîme. 

Le vivant, pris au piège de l'en-creux de la matière et 

de ses humeurs. 

Piège à saisir, cependant, afin d'en faire une ouverture. 

Piège paradoxal : pour rendre vivant. 

(.../...) 

Retour dehors. 

Soudain, depuis cet horizon, nait une nuée de lignes. 

Une nuée de lignes comme un essaim (alors même 

qu'auparavant, il n'y avait rien.) 

Nuage d'idées. 

Bientôt ciel clair. 

(.../...) 

Une question : est-elle réelle cette vie que je mène ? 

Et en quoi cette illusion est-elle nécessaire ? 

La conscience en tant que telle n'existe pas, elle est 

simplement cette poussière à laquelle la lumière 

s'accroche pour se déplacer. 

Lorsque la marée se retire... 

Pérégriner sur cette grève. 

Observer, écouter - sans écouter, sans observer 

Début et fin de toute musicalité. 

Lucidité. 

Lecture de Roberto Juarroz : 

"Là où la lumière n'éclaire pas, l'ombre éclaire peutêtre." 

in Fragments verticaux 

2. 

Une ligne. 

Suivre cette ligne, tenter de vivre l'histoire de cette 

ligne. 

Partir, avec elle, sous terre car, dit-on, c'est ici que 

toute ligne se brise. Où plutôt que chaque ligne se perd 

comme l'eau se perd sous la complexité des reliefs. 

Une multiplicité de lignes. 

Bientôt un réseau. 

Changement d'état. 

Entrée dans une bouche d'ombre. 

Strates. 

Stratifications. 

Se glisser, se perdre, volontairement, pour réaliser un 

tel cheminement. 

Éclats. 

Bouts. 

Morceaux. 

Poussières. 

Substances accumulées, transformées, choses nouvelles, 

limons froissés. 

Forces. 

Un autre moment de la matière naturelle : un ensemble de 

lignes, une accumulation, une multiplication de sillons, 

une vie, en dessous. 

Lignes souples qui perpétuellement se croisent, 

s'entrelacent, se nouent, se mêlent, se solidifient, à 

nouveau se défont. 

Lecture de Roberto Juarroz : 

"Le zéro équivaut au néant, au vide. Pourtant, placé à 

droite d'un chiffre, il sert pour le renforcer. Celà se 

produit-il avec toutes les choses, si on leur ajoute un 

zéro ?" in Fragments verticaux 

(.../...) 

À l'inverse : un instant, un seul - est-il imaginaire ? - 

et voici que quelque chose se brise. 

Un moment. 

Au-delà du rythme. 

Un temps semblant arrêté. 

Il existe plusieurs façons de s'arrêter. 

S'arrêter pour mourir ou s'arrêter pour se nourrir et 

repartir. 

Le temps, ainsi travaillé, révèle un autre type de temps. 

Dans le monde, qui est un flux, virvoltent quelques 

échardes. 

Écharde-instant... et relance. 

S'immerger, se lover, disparaître... enfin ressortir. 

Idée du ressort contenu dans toutes choses. 

Changement de niveau, changement de degrés. 

Depuis l'instant zéro. 

(.../...) 

Considérer cette ligne (puisqu'il faut y revenir) comme 

un modèle. Chevaucher le modèle puis abandonner sa 

monture. 

Ne pas rejeter l'écharde, cependant, celle là même qui 

pourrait se manifester avec force sur la ligne, tout 

arrêter, tout casser et conclure... ...avant même que la 

ligne n'ait déployé son destin de ligne. 

(../...) 

Divination. 

Liaisons et déliaisons. 

Futur de la forme. 

Réseaux. 

Cheminements multiples dans de multiples veines de 

matière jusqu'à ce que notre constitution se perde, 

disparaisse. 

L'espace, en dessous, parle. 

Et nous sommes cet espace. 

Dire oui. 

Lecture de Swami Prajñãnpad : 

"Prenez une corde avec une pierre attachée au bout et 

faites-la tourner. Que voyez-vous ? Un cercle. Mais c'est 

une pierre et un morceau de corde. C'est la pierre qui en 

tournant crée l'illusion du cercle. .../... C'est une 

illusion, un phénomène, non une substance. La pierre et 

la corde sont réelles. Le cercle est irréel." in 

Entretiens avec R. Srinivasan 

& 

3. 

Un son - 

Un son, d'un geste simple naît 

Plutôt que de lui imposer, en le saturant d'intention 

telle ou telle direction 

plutôt que de chercher à l'accorder pour je sais quelles 

circonstances 

j'accepte son éclosion 

telle qu'elle est 

Un geste simple résonne 

N'est-il pas nécessaire de le laisser voyager seul 

et d'attendre qu'il revienne 

chargé de ce qu'il sait ? 

Un son pour soi - un son capable de mettre en valeur le 

silence 

afin de ramener, du silence 

un suc, une substance 

Qui serait la preuve du souffle du monde. 

Rosace de mes 4 écoutes 

(performance, improvisation) 

Nord, Sud, Est & Ouest 

1. Mécanique (dans la main) — 

- Instrumentarium (expérimentations sonores sur un 

système décidé comme minimisé) 

- Paramètres plastiques, acoustiques, musicaux : 

. Jeux et couleurs : idée d’une grisaille 

. Réactions intuitives et viscérales : jeu né de la 

plastique elle-même/érotisme de la matière/retour sur soi 

du sonore (feedback) pour atteindre autre chose 

. Rendus formels : vitesses croisées, polyphonies, 

construction classique VS attention donnée à un unique 

phénomène ; idée de conglomérat vivant 

. Rendus temporels : gestation, forme, non-forme, futur 

de la forme 

2. Perception dite du siège — 

- La respiration est la colonne du jeu, de la forme ou de 

l’abandon de tout projet formel : force inverse, force en 

creux 

- Corps en acte, musculature, jeu insufflé d’une tension 

vertébrale, yoga 

- Ecoute excentrique VS écoute concentrique : local et 

global embrassés (ou comment prendre la place du dehors) 

- Monophonie rayonnante : mise en scène des hautsparleurs 

considérés comme l’instrument lui-même 

(l’électrique rejoint l’acoustique) 

3. Perception dite du détachement volontaire 

/ méditation active — 

- Attention ouverte VS attention fermée (attiser les 

contradictions) 

- Attention flottante (stratégie du désintéressement) 

- Faire VS ne pas faire (abandon de la pratique 

mécanique) ; retenue 

- Se diviser : 

. Accident générateur de virage formel : épine VS grande 

audition 

. Mécanique/métier VS intuition 

. Mémoire (du bruit, longue, courte) ; oubli nécessaire, 

non-écoute, silence 

. Devenirs actifs en germe, promesses, accomplissements 

(dans le jeu et dans le matériaux) : l’idée d’un contrat 

. Futur de la forme / divination 

. Le jeu lui-même est une méditation : s’isoler au sens 

d’une audition active et pénétrante ; parcourir tant le 

monde du jeu que le jeu du monde 

4. Relation au public — 

Agrandissement de la sphère du jeu ; effet de relance, de 

rebond, de gain énergétique partagé (passation de force) 

VS rejet : une musique qui fane. 

Le UN ENSEMBLE - 

Laurie Batista : voix 

Tanguy Bernard : soubassophone 

Benjamin Bondonneau : clarinettes contrebasse et Bb 

Eric Camara : contrebasse 

Patrick Charbonnier : trombone 

David Chiesa : cadre de piano 

Paolo Chatet : trompette 

Julia Hanadi Al Abed : électroniques et synthèse 

analogique 

Thomas Lachaize : saxophones 

Juliette Lacroix : violoncelle 

Delphine Lafon : voix 

Guillaume Laidain : synthèse analogique 

Didier Lasserre : caisse claire et cymbales 

Bruno Laurent : contrebasse 

Johann Loiseau : flutes, petites percussions. 

Johann Mazé : batterie 

Mathias Pontevia : Percussions 

Kristof Ratier : clarinette basse 

Jean Marc Reilla : synthèse analogique, électroniques 

Jean Rougier : contrebasse 

Frédéric Roumagne : guitare électrique 

Ian Saboya : guitare électrique 

Claude Saubole : guitare acoustique 

Julien Sellam : violon 

Stéphane Torré Gruéba : harmonium indien et voix